Les 11 commandements pour un chat parfaitement heureux (2nde partie)

Silvia Badolato


          
            Les 11 commandements pour un chat parfaitement heureux (2nde partie)

Nous avons, dans l’article précédent, exploré les 5 premiers commandements (cliquez ICI pour le lire), à savoir :

  1. Tu ne me puniras point
  2. D’être un chat, tu ne m’empêcheras pas
  3. Tu ne m’interdiras rien sans me proposer de substitution
  4. Mon espace personnel, tu respecteras
  5. Mes sens, tu n’agresseras pas

Continuons à présent notre tour des 11 commandements selon Habemus Papatte pour aider son chat à s’épanouir pleinement auprès de nous.

Rappelons qu’il ne s’agit ni de condamner, ni même de critiquer les comportements humains car des erreurs nous en avons tous fait. Chez Habemus Papatte, nous croyons que c’est en partageant les connaissances que nous contribuons à créer un monde où chats et humains évoluent avec plénitude. 

Commandements 6 à 11, c’est parti !

  1. Du danger tu me protègeras

Voilà un sujet qui mériterait à lui seul une encyclopédie en 12 volumes ! Nous n’allons ici qu’effleurer le sujet en ne parlant que des dangers les plus courants. Si certains sont inévitables, d’autres sont en revanche facile à écarter une fois que l’on est conscient du risque.

Il existe 2 types de dangers principaux :

- Les traumatismes et accidents domestiques : le chat est un animal curieux capable de perdre complètement la notion du danger quand il passe en mode jeu/chasse. Parmi les risques les plus courants, on notera : les objets posés dans un équilibre précaire qui tombent lorsque le chat passe à côté ou monte dessus, les chutes des fenêtres et balcons (sujet que nous avons déjà traité, cliquez ICI pour en lire davantage), les brûlures lorsque le chat saute sur des plaques de cuisson ou un poêle à bois, les fenêtres oscillo-battantes et Vélux responsables de la mort ou de l’amputation de nombreux chats, les étouffements, suffocations ou lésions lorsque le chat joue ou avale des éléments inappropriés (bolduc, lacets, barrette à cheveux, jouet pour chat de mauvaise qualité…), les routes où circulent des voitures, les chiens non familiarisés aux chats…

- Les empoisonnements et intoxications : outre le fait que le chat puisse, sans conscience du danger, avaler des substances toxiques, il faut prendre en compte le fait que, étant un animal très propre, il avale tout ce qui s’est déposé sur sa fourrure lorsqu’il fait sa toilette. Et les chats font beaucoup (prononcez beauuuuuucoup) plus leur toilette que les chiens ! De plus, les chats présentent une vulnérabilité accrue à certaines substances, en effet leur foie est incapable de les métaboliser ; c’est le cas par exemple des phénols contenus dans les huiles essentielles. Comme si ça ne suffisait pas, le chat est très attiré par certains produits hautement toxiques (essence, antigel…). Enfin, la petite taille des chats implique que la quantité de produit susceptible de provoquer une intoxication est plus faible que chez un chien de taille moyenne. Parmi les intoxications graves les plus fréquentes, on retrouve : des médicaments humains (paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires…), des aliments (avocat, ail, oignon, poireau, chocolat, pomme de terre, raisin…), des produits ménagers (huiles essentielles, antigel, essence, eau de javel…), des plantes et des fleurs (lys et famille des liliacées, muguet, ficus, dieffenbachia…) et d’autres produits courants (antipuces pour chien, insecticide, engrais, mort-aux-rats…).

Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive. Habemus Papatte vous invite à consulter la page du Centre Antipoison Animal (lien en fin d’article) qui propose une chouette classification visuelle des éléments toxiques.

  1. De ma santé tu prendras soin

Corollaire du point précédent, le bien-être du chat passe par des visites régulières chez le vétérinaire. Habemus Papatte vous invite à choisir votre vétérinaire comme on choisit son médecin traitant : avec soin. Ce n’est pas forcément le plus proche de vous géographiquement, il est nécessaire que vous ayez une totale confiance en elle/lui tant humainement que médicalement mais également dans sa façon d’approcher et de manipuler votre chat. Avec le temps, on développe une relation privilégiée avec son vétérinaire, ne soyez ni trop envahissant, ni trop distant avec elle/lui !

C’est vers votre vétérinaire qu’il faudra vous tourner si vous avez des questions sur l’alimentation, la stérilisation, la vaccination, l’identification et la santé de votre chat : c’est elle/lui qui détient les connaissances sur ces sujets, privilégiez les connaissances scientifiques actuelles aux modes, croyances et théories complotistes que l’on trouve ça et là.

Prendre soin de la santé de son chat, c’est aussi penser médical avant tout et réagir vite. Un chat qui ne mange pas, un chat qui urine hors de sa litière, un chat qui grogne quand on le touche, bref un chat qui présente un changement de comportement quel qu’il soit, est un chat qui doit avant tout aller voir son vétérinaire ! Ce n’est pas rendre service à votre chat que de commencer par chercher des causes comportementales à des problèmes qui sont le plus souvent physiologiques.

  1. La maison pour nous deux tu aménageras

On croit souvent, à tort, que le chat n’a besoin que d’une litière et d’une gamelle pour s’épanouir. C’est bien sûr totalement faux, comme tous les mammifères il a des besoins éthologiques propres à son espèce ET des besoins individuels liés à son tempérament et à son histoire. Lorsqu’on aménage son chez soi, on doit donc penser à tous les habitants de la maison, qu’ils soient humains ou félins.

Il convient donc d’organiser l’espace pour que le chat dispose :

  • d’une litière de taille suffisante placée dans un endroit calme, toujours accessible et dégagé, suffisamment loin de sa nourriture et de son eau et très régulièrement nettoyée,
  • d’un ou plusieurs dodos propres dont on ne peut pas le déloger (laisser un chat dormir sur le canapé ou sur le lit, c’est super mais ça ne suffit pas car il a aussi besoin de lieux qui n’appartiennent qu’à lui),
  • de hauteurs pour observer son univers et se reposer (un chat n’est pas fait pour passer sa vie au ras du sol). Se mettre en hauteur, c’est aussi une façon pour lui de dire qu’il souhaite être tranquille tout en restant à proximité de vous,
  • d’un emplacement privilégié devant une fenêtre, d’où il pourra observer ce qui se passe dehors (c’est ce que, chez Habemus Papatte, on appelle TV Chat, on y retrouve idéalement les chaînes suivantes : France Pigeon, La Chaîne des piétons, Branches-au-vent télévision, Canal Nuage et, pour les plus chanceux, Télécureuil).
  1. Mon langage corporel tu apprendras

Beaucoup de problèmes relationnels entre un chat et son humain naissent du fait que rien ou presque, dans le langage corporel du chat, n’est instinctivement compris par l’humain. On se retrouve alors face à des incompréhensions qui abîment une relation pourtant pleine d’un attachement sincère. Il ne faut surtout pas culpabiliser ! Personne n’est censé parler le chat, nous devons l’apprendre. S’il n’est pas forcément utile de devenir un expert capable de rédiger une thèse sur le langage corporel du chat, il est important d’avoir pourtant quelques codes. Citons par exemple :

  • un chat qui grogne, qui souffle ou qui feule n’est pas un chat qui vous attaque mais un chat qui vous demande de mettre davantage d’espace entre lui et vous. Il attend de vous que vous reculiez et cessiez d’interagir avec lui,
  • un chat qui se frotte contre vos jambes puis s’allonge et vous montre son ventre n’est pas un chat qui réclame des caresses, c’est simplement un chat qui vous montre qu’il est bien et en confiance,
  • un chat qui jette sa tête contre votre main quand vous l’approchez de sa tête est un chat qui veut des caresses (enfin !),
  • un chat qui bat de la queue de façon saccadée est un chat qui vous fait savoir qu’il est très fortement agacé,
  • un chat qui cligne très lentement des yeux en vous regardant est un chat qui vous sourit ! (Retrouvez l’article détaillé sur le sujet ICI.),
  • à ne pas confondre avec un chat qui cligne rapidement des yeux, se lèche fugacement les babines ou bien se lèche une partie du corps de façon soudaine et brève ; ce sont plutôt là des signes de stress.
Sachez enfin que le chat peut passer très rapidement d’un état à l’autre : il peut vous réclamer des caresses et soudainement battre de la queue parce qu’il en a assez. Lire le langage corporel du chat, est une activité de tous les instants !
  1. Avec tes mains nous ne jouerons pas

Voilà encore une erreur courante qui est source de bien des problèmes. Quand il joue, le chat monte vite en intensité il court partout, il saute, il mord, il met des coups de pattes arrière… Il est important de rapidement lui apprendre que les mains, les pieds (et la peau en général) ne sont pas des choses avec lesquelles on joue. Pour cela, il y a les jouets. C’est très compliqué pour un chat, voire impossible, de comprendre qu’on a le droit de jouer avec les mains mais seulement quand l’humain le décide, ou qu’on a le droit de jouer avec les mains mais qu’il ne faut pas jouer à attaquer les chevilles quand on a un trop plein d’énergie. C’est un peu comme de dire « Les enfants, allez jouer dehors mais ne vous salissez pas ! » : c’est donner des directives contradictoires.

Apprendre à un chat à ne pas jouer avec les mains, c’est donc surtout apprendre à ne pas envoyer des signaux contradictoires : il faut être cohérent et constant. Sitôt que le chat ou le chaton s’en prend aux mains ou aux pieds, le jeu s’arrête, inutile de gronder ou de sanctionner (souvenez-vous du 1er commandement !) . On veillera aussi à ne pas tapoter du bout des ongles ou gratter une surface pour attirer l’attention de Minouche : les mains caressent et donnent à manger, elles ne doivent pas participer à tout ce qui est de l’ordre de la stimulation ludique.

  1. Des conseils aux bons endroits tu chercheras

Voilà sans doute le point le plus sensible.  Lorsqu’on rencontre un problème avec son chat, c’est tout naturellement qu’on se dirige d’abord vers internet. Très vite, on se retrouve face aux conseils de Mireille87 « qui a eu des chats toute sa vie » mais aussi à ceux de AlbertFormid « qui a eu exactement le même problème », à un article de « Zooniwam » qui a l’air de très bien connaître son sujet, au blog de « youpileschats.com » qui affirme exactement la même chose que Mireille87 et à un article de la section animaux et jardinage d’un grand quotidien national qui, là encore, dit les choses sur un ton qui laisse peu de place au doute.

Que faire de tous ces conseils dispensés sur un ton affirmatif et sûr de soi ? Une seule solution : utiliser le filtre de l’esprit critique :

  • Prendre conscience que ce n’est pas parce que quelque chose est souvent répété que c’est vrai. Une rumeur n’a aucun fondement et se répand, par définition, à force d’être répétée. Sachez que, en ce qui concerne les chats, rumeurs et croyances sont omniprésentes ! Habemus Papatte consacrera bientôt un article à ce sujet.
  • Chercher qui est l’auteur de l’article. Si l’article n’est pas signé ou si l’auteur n’est pas un spécialiste du comportement et/ou de la santé des chats, restez très critique. Demandez-vous également si l'auteur est vraiment dans son champ de compétences : on peut être tout à fait légitime dans un domaine et pas du tout dans le domaine voisin. 
  • S’il s’agit d’un sujet scientifique, l’article est-il « sourcé » et ces sources sont-elles sérieuses ? (Si j’écris un article en citant 12 sources mais que ces sources sont « youpileschats.com », « Zooniwam » et la section jardinage de mon quotidien national, mes sources sont en fait sans fondement.)
  • Avoir toujours en tête que la véracité d’un fait ou que l’efficacité d’une solution n’a rien à voir avec le talent de communication de celui qui l’émet. Les réseaux sociaux comme les sites internet regorgent d’excellents communicants en train de dire n’importe quoi.
  • Ne confondez pas l’expérience personnelle avec l’expérience professionnelle. Mireille87 a sans aucun doute une excellente connaissance de ses chats, mais ça ne fait pas d’elle une spécialiste des chats. De la même façon, le fait d’avoir des enfants ne fait pas de vous un professionnel de la pédopsychologie et le fait d’évoluer parmi les êtres humains ne vous transforme ni en anthropologue ni en sociologue.
  • Ne jamais oublier, enfin, que chaque chat est différent et que la solution miracle qui fonctionne pour tous n’existe pas. Les chats ne sont pas des machines dont il suffit de resserrer la 3ème vis à gauche en versant un peu de poivre pour qu’ils fonctionnent de nouveau normalement. Il faut prendre en compte l’individu, son tempérament, les particularités de son espèce mais aussi son environnement et sa relation avec les autres (chats ou humains) et tout cela de façon objective et rigoureuse.

Enfin, et ce n’est pas le plus facile, ne donnez pas de conseil dont vous n’êtes pas absolument certain. L’enfer est pavé de bonnes intentions et il vaut souvent mieux se sentir impuissant à aider que de proposer des fausses solutions qui seront délétères au chat et à son humain. Le seul conseil valable à coup sûr est de rediriger sans cesse vers des professionnels.

Habemus Papatte n’est pas une exception, de nombreux confrères et consœurs spécialistes du comportement tiennent des blogs où sont dispensés des conseils gratuits ; nous le faisons parce que nous avons conscience que nombre de soucis dans la relation entre l’humain et le chat peuvent être résolus sans notre aide, simplement en délivrant des informations justes et en combattant, par là même, les croyances et rumeurs dont pâtissent humains et chats. 

Conclusion

Voilà ! Habemus Papatte vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article. Nous espérons avoir réussi à vous convaincre que, peu importe d’où l’on part, il existe toujours une marge de progression dans la façon dont nous cohabitons avec nos poilus et que, si à l’impossible nul n’est tenu, vouloir comprendre son chat et chercher une façon de coexister où chacun puisse s’épanouir est un positionnement admirable.

 

N’hésitez pas à partager cet article s’il vous a plu !

Silvia Badolato, Habemus Papatte 🐾

 

Lien :

Page web du centre antipoison animal (vous pouvez voir les plantes toxiques mais aussi les produits domestiques, les médicaments, etc.) : ICI  

Sources :

  • Turner, Bateson « The domestic cat. The biology of its behaviour » Cambridge university Press, third edition, 2014
  • Bradshaw et al. « The behaviour of the domestic cat » Cabi, second edition, 2012
  • Gagnon, « Comportement du chat du chat. Biologie et clinique » Les éditions du Point Vétérinaire, 2012
  • « Les intoxications majeures du chat d’après les données du C.N.I.T.V de Lyon », thèse vétérinaire, Vanessa Mailland 2011
  • « Les principaux toxiques pour les animaux de compagnie : enquête auprès de clients du CHUVA et élaboration d’un recueil informatif », thèse vétérinaire, 2015
  • https://www.centreantipoisons.be/professionnels-de-la-sant/articles-pour-les-v-t-rinaires/ consulté le 15/02/21
  • https://www.centre-antipoison-animal.com/ consulté le 15/02/21
  • https://www.veterinairesaucanada.net/documents/les-chats-et-les-huiles-essentielles consulté le 15/01/21
  • Kammerer, Leclerc et Poncet « 100 Intoxications chez les animaux de compagnie » Éditions Maloine, 2012